Il est 8h du matin lorsque nous posons les pieds pour la première fois sur le sol indonésien. Nous sommes à Medan, capitale du nord de Sumatra. Sumatra n’est généralement pas l’ile que l’on choisit de visiter lors d’un premier voyage en Indonésie. Pour connaitre les raisons du choix de cette destination, je vous invite à lire notre court article concernant la préparation de ce voyage.
L’aéroport est petit, et il y a peu de français : Chandra, notre chauffeur et guide durant quasiment tout notre séjour, et son papa Herman, nous trouvent facilement. Le temps de retirer de l’argent, de se passer un coup d’eau sur le visage, de se changer avec des vêtements plus légers, et nous voici dans la voiture pour rejoindre le village de Bukit Lawang, plus à l’ouest, qui sera le point de départ du trek dans la jungle du parc Gunung Leuser.
Infos pratiques :
- De Medan à Bukit Lawang : 4h de route en voiture pour 90 km. Il faut traverser la grande ville de Medan, très vaste et encombrée de scooters. Ensuite, il y a moins de monde, mais la route est en mauvais état.
- Durant ces 4h, nous avons fait des pauses pour l’essence, l’achat de nourriture et des explications sur la récolte de l’huile de palme.
Le village de Bukit Lawang
Arrivés au village, nous prenons le temps de manger avec Chandra et Herman, qui nous donnent des consignes pour le trek qui commencera le lendemain.
Infos pratiques :
- Repas au Wisma Sibayak Leuser : 198 000 roupies indonésiennes pour 4 (environ 14€).
Puis, nous partons seuls, découvrir le village. Nous sommes dimanche, beaucoup de locaux sont venus ici, se rafraichir au bord de la rivière Bahorok. Certains endroits sont abrités par des toits en chaume. Le cours d’eau est traversé par plusieurs ponts suspendus assez hauts, et plutôt instables.
En amont de la rivière, il y a moins de maisons, on aperçoit davantage la jungle. Des macaques jouent. On n’ose pas trop s’approcher, ils n’ont pas l’air tendre !
Le village est plutôt agréable, les gens sont souriants et curieux : beaucoup nous demandent à être pris en photo avec eux ! Bukit Lawang est une bonne entrée en matière sur le sol indonésien : on s’y sent bien !
Le soir, nous mangeons dans un petit restaurant sur la rive gauche. Luc prend un gado gado (des légumes croquants avec une sauce à la cacahuète) délicieux, et moi une soupe. Le patron discute sympathiquement avec nous.
Nous rentrons nous coucher, en faisant attention à tous les scooters qui circulent de nuit. Il faut que nous profitions du confort de la chambre : les deux nuits suivantes se passeront en extérieur, dans la jungle !
Infos pratiques :
- Repas Eorio restaurant : 80 000 roupies indonésiennes pour 2 (environ 5€).
- Nuit au Wisma Sibayak Leuser
Trek dans le parc Gunung Leuser
Comme je l’ai déjà écrit, depuis toute petite, je m’intéresse aux grands singes. Dans ma To do list de voyage, figure donc en bonne place l’item « observer les orangs-outans et les chimpanzés dans la jungle ».
Autant vous dire que l’excitation est à son comble ce matin ! J’ai même réussi à « contaminer » Luc, qui a autant hâte que moi de voir son premier « Homme de la forêt » dans son milieu naturel.
Pour profiter au maximum de cette aventure, nous avons opté pour un trek de 3 jours dans la jungle du parc national Gunung Leuser. C’est une zone montagneuse, très escarpée.
La forêt tropicale de Gunung Leuser est l’un des deux seuls endroits au monde (avec Bornéo) où il est possible d’apercevoir des orangs-outans sauvages et semi-sauvages. Il y a quelques années, un centre de réhabilitation avait été crée, puis une plateforme de nourrissage avait pris sa place. Aujourd’hui, elle n’existe plus. Dans le parc, il y a donc des orangs-outans qui ont déjà été au contact de l’homme auparavant, mais aussi des orangs-outans complètement sauvages .
Infos pratiques :
- Il est obligatoire de partir avec un guide pour s’aventurer dans le parc Gunung Leuser. Vous en trouverez facilement dans le village de Bukit Lawang.
- Il est aussi possible d’observer les orangs-outans au départ de Ketambe. L’expérience est encore plus authentique là-bas, car l’endroit est plus éloigné, et moins accessible, donc moins touristique. C’est ce que nous aurions aimé faire, mais par manque de temps, nous avons renoncé.
1er jour
Avant de partir, nous laissons nos gros sacs de voyage dans un local de la guesthouse, et partons avec seulement le nécessaire. Chandra nous accompagne, avec Monas.
Nous commençons d’un bon pas : déjà dans le village de Bukit Lawang, puis dans une plantation d’hévéas. Il s’agit d’arbres dont est extrait le latex, qui sera transformé en caoutchouc. Tous les matins, une entaille dans le tronc est faite. Toute la journée, le liquide blanchâtre et très odorant coule dans une demi noix de coco accrochée au tronc. Ensuite, les hommes viennent récolter ce liquide pour le vendre sur le marché ou aux industriels.
Après une petite montée sur un sentier, nous voici à l’entrée du parc ! Il fait déjà très chaud. Une fois dans la jungle, ça va mieux : les arbres font barrière au soleil, nous sommes à l’ombre. Bien qu’élevé, le taux d’humidité est supportable. Nous rencontrons plusieurs groupes accompagnés de guides.
Premières rencontres
Quelques mètres après l’entrée du parc, nous entendons du bruit : il y a deux orangs-outans en hauteur dans les arbres. Malheureusement, nous n’avons que quelques secondes pour les discerner car ils s’en vont déjà plus loin. Nous repérons toutefois quelques macaques.
Ensuite, un jeune orang-outan descend de la canopée pour faire l’acrobate devant nous et d’autres touristes. Il atterrit même sur le sol ! Sa mère veille sur lui, depuis la cime d’un arbre. Elle le fera jusqu’à ses 3 ans et demi, âge auquel il deviendra indépendant.
En continuant, nous croisons le chemin d’un babouin. Ces derniers ressemblent aux macaques, mais Chandra nous indique que la queue des macaques est plus petite que celle des babouins.
Les arbres sont immenses, la forêt dense et luxuriante… et ça commence à bien grimper ! Maintenant que nous nous sommes éloignés de l’entrée du parc, les groupes de touristes se font rares.
Après être redescendu, nous faisons une pause au bord d’une rivière, c’est l’heure de la collation : pastèque, bananes, oranges, fruits de la passion. Nous nous rafraichissons avec l’eau de la rivière.
Nous voilà repartis. On monte : il faut s’aider en s’accrochant aux lianes et aux racines robustes.
Chandra nous montre de drôles de « tuyaux » sur le tronc d’un arbre. Il y a des abeilles à l’intérieur : quel bourdonnement ! Cette cire est utilisée par les habitants de Sumatra pour faire des bougies. Monas voit un scolopendre noir avec des pattes rouges, dans un tronc d’arbre : ne surtout pas le toucher car il est venimeux. En même temps, il va tellement vite, que nous n’en avons pas le temps !
Le trek se poursuit, à la recherche des grands singes. Heureusement que le sol est sec : il doit être compliqué d’évoluer ici sur un sol mouillé !
Jackie
Chandra nous a parlé de Jackie, une femelle orang-outan. Celle-ci est semi-sauvage : avant, elle faisait partie du centre de réhabilitation. Maintenant, elle vit en autonomie dans la jungle, mais reste proche des hommes, qui l’ont aidée. D’après Chandra, elle aime choisir un touriste pour lui prendre la main et l’amener se balader.
Arrivés au sommet d’une pente, je vois notre guide faire barrage à un orang-outan qui est au sol. C’est elle, c’est Jackie, et elle pousse un peu Chandra pour s’approcher de moi et me prendre par la main ! Elle fait quelques pas, et décide que nous devons nous asseoir. Elle mordille mes ongles. Je n’ai pas peur, je l’observe. Je crains juste qu’elle me morde trop fort : elle a de grandes dents ! Et là, tout d’un coup, un petit sort de son pelage ! Il est trop beau, tout ébouriffé, et m’attrape un doigt, tel que le ferait un bébé humain ! J’observe et profite de ce moment incroyable. Ils ont un regard tellement humain, et que de similitudes avec l’homme ! L’orang-outan partage 97 % de son ADN avec nous, humains, ce qui en fait l’un de nos plus proches cousins. Tout comme les chimpanzés, ils sont particulièrement intelligents.
Jackie me lâche et retourne dans les arbres avec son petit. Nous les observons évoluer avec agilité, tout en douceur et avec calme, sans geste brusque.
Après cet épisode, nous prenons un peu de hauteur pour déjeuner. Au menu, riz frit aux légumes, omelette, concombre et tempe (aliment à bas de soja).
Lorsque nous reprenons la marche dans la jungle, nous entendons un gros bruit au-dessus de nos têtes : deux grandes paires d’ailes nous survolent. L’envergure est tellement importante que nous pensons à de grands rapaces. Les oiseaux se posent sur des arbres un peu plus loin : avec les jumelles, il nous semble apercevoir des toucans, mais pas les mêmes qu’au Costa Rica. Ceux-ci portent un genre de casque au-dessus de leur bec. Ce ne sont pas des toucans en fait, mais des calaos rhinocéros ! Quel animal original et imposant ! Nous avons juste le temps de les prendre en photo et les voici repartis.
Lors de cette première journée, nous ne croisons plus de primate, mais un caméléon, et d’énormes fourmis, dont seul le mâle pique (mais nous n’allons pas vérifier !).
Campement
Pour atteindre le campement, il faut marcher dans une rivière. Chandra et Monas sont très à l’aise, ça a l’air facile, mais ce n’est pas le cas lorsqu’on n’est pas habitué !
Nous arrivons au camp, où Herman et Bendi nous attendent. Ils ont fait le chemin jusqu’ici, chargés de la nourriture et du nécessaire pour cuisiner et dormir : nous sommes impressionnés. Ils sont arrivés plus rapidement que nous, malgré leur paquetage, et semblent frais comme des gardons !
Nous ne sommes que deux touristes, mais avons quatre « jungle men » avec nous. Tous les six, nous avons l’impression d’être seuls au monde dans cette forêt.
Herman se fait un plaisir de nous accompagner à une petite cascade un peu plus haut, où nous nous lavons. Nous sommes seuls et bénéficions d’un « jungle massage ». Herman nous « maquille » en Homme de la forêt, grâce à une pierre mouillée qui a la consistance de la boue.
Après cette baignade, nous retournons au bivouac pour nous sécher. Il se met à pleuvoir alors nous nous abritons sous notre toit de fortune. Les jungle men nous servent un goûter en attendant le repas. Nous nous reposons un peu, puis mangeons tous ensemble, par terre, un repas très copieux et local.
Nous apprenons quelques mots d’indonésien : Tehri Makasi, hati hati, sama sama. Pour la petite anecdote, à un moment donné je réponds « masa masa » au lieu de sama sama, ce qui fait évidemment rire tout le monde ! Durant les deux jours restants de trek, cette nouvelle expression deviendra récurrente !
Vient le moment d’aller se coucher, sous notre moustiquaire, sur des mousses pas très épaisses, avec le bruit de la rivière et de la jungle en fond.
Infos pratiques :
- 6 km de marche (pour environ le double ressenti !), avec 550m de dénivelé positif, pour 7h dans la jungle.
2ème jour
Nous pensions être réveillés dès le lever du soleil, mais nous émergeons vers 8h30 ! On vous annonce de suite que ce n’est pas la meilleure nuit que nous ayons passée ! J’ai eu froid, et Luc n’était pas à l’aise sur la mousse trop fine. Mais il ne faut pas oublier que nous avons la chance d’être dans la jungle , alors tant pis pour le confort !
La journée commence par un petit déjeuner préparé par Bendi : thé, crackers, fruits frais, sandwich, omelette, rien que ça !
La veille, nous avons laissé sécher nos vêtements dehors durant la nuit : mauvaise idée ! À cause de l’humidité ambiante, cela n’a servi à rien ! Luc profite du soleil matinal pour les étaler sur des rochers le temps du petit déjeuner.
Ensuite, tels de vrais Robinsons, nous nous lavons les dents dans la rivière.
Nous levons le camp et commençons par traverser la rivière pour changer de rive et monter haut dans la jungle. Cette journée sera plus athlétique que la précédente : les montées et les descentes sont encore plus abruptes. Heureusement que le sol est sec, et que Chandra et Monas sont là pour nous aider.
Pas de chance aujourd’hui : nous ne croisons aucun singe, juste des fourmis et des termites.
Un tigre de Sumatra dans les parages
Sur le chemin, Monas s’arrête net et échange quelques mots en indonésien avec Chandra. Nous les sentons inquiets. Le guide passe devant et déblaie un tas de feuilles pour dévoiler la dépouille fraiche d’un porc-épic sans tête. Il nous explique qu’il s’agirait de la proie d’un tigre, qui l’aurait abandonnée là en nous sentant arriver. L’amoncellement de feuilles sert à cacher sa proie, pour revenir la chercher plus tard. Quelques pas devant, nous trouvons la tête et des épines. Pas très rassurés (mais excités quand même !), nous continuons sur un rythme soutenu, afin de ne pas rester trop longtemps sur le terrain de chasse du tigre de Sumatra et le priver de son festin (ou le devenir nous-mêmes !).
Nous grimpons pour admirer un panorama sur la forêt : l’ascension est assez costaud et il fait très chaud. C’est ici que nous mangeons, pour ensuite redescendre vers la rivière. La descente est physique et longue. Nous apercevons un singe qui ne daigne pas bouger et reste à la cime des arbres, malgré les bruitages de Chandra et Monas, ainsi qu’un énorme écureuil, qui lui file rapidement.
Après une descente sportive et glissante, nous arrivons au bord de la rivière. Nous nous reposons un peu, alors que d’autres touristes s’installent dans leur campement. Il y a des singes Thomas Leaf dans les arbres, et un énorme varan traverse l’eau. La bête est impressionnante !
Campement
Ensuite, nous rejoignons notre campement, qui se trouve un peu plus loin, plus au calme, sur l’autre rive. L’installation est rapide. Chandra et Monas nous mènent à une cascade pas trop éloignée. Nous nous y amusons tous les quatre. Ce sera notre douche de la journée !
Pour le gouter, nous avons le droit à d’excellentes bananes au chocolat, alors que nous sommes assis sur un rocher au milieu de la rivière.
Herman, en parfait homme de la jungle, nous confectionne un fil à linge au-dessus du feu de camp pour sécher nos vêtements. Il s’avérera par la suite que ce n’était pas une bonne idée : nous ne pourrons pas porter ces affaires tellement elles sentent la fumée !
Après un bon repas et des jeux de logique avec des allumettes, nous allons nous coucher, bien fatigués par cette grosse journée de marche. Avant d’aller dormir, une dernière aventure pour aller faire pipi : ben oui, pas de toilettes dans la jungle ! Une sangsue s’est accrochée à mon pantalon… je suis à côté d’une toile d’araignée gigantesque avec une araignée pas si énorme, et une autoroute à fourmis passe juste en-dessous de moi ! De quoi en rebuter plus d’un !
Infos pratiques :
- 4 km de marche, avec 600m de dénivelé positif, pour 8h dans la jungle.
- Contrairement à la veille, il y a plusieurs campements ici, donc plusieurs groupes de touristes. C’est ici que les groupes qui partent pour deux jours de trek et une nuit dorment. L’expérience de la nuit dans la jungle est moins authentique que la veille, même si nos jungle men avaient pris soin d’établir le campement sur l’autre côté de la rive, un peu à l’écart.
3ème jour
Il a beaucoup plu cette nuit-là. Nous n’avons pas mieux dormi que la nuit précédente, ni moins bien. Nous nous réveillons vers 7h.
Nous sommes un peu déçus de ne pas avoir vu d’orang-outan la veille, même si on le sait, « on ne donne pas rendez-vous à la nature ». Normalement, cette matinée doit être consacrée à du repos au bord de la rivière et de la cascade. Mais ce n’est pas notre genre ! Luc demande s’il est plutôt possible de partir dans la jungle, pour tenter de voir des orangs-outans. C’est Herman qui nous guide, avec Monas.
Trek bonus
Il a plu toute la nuit, le sol est très glissant. Nous commençons par une grosse ascension : il faut en effet remonter tout ce que nous avions descendu la veille. Luc avait d’ailleurs fait la remarque qu’il ne voudrait pas être à la place de ceux qui faisaient le chemin dans l’autre sens…! Et moi, j’avais rajouté qu’heureusement la terre était sèche, car si le sol avait été glissant à cause de la pluie, j’aurais pleuré…! Et bien nous y voilà, toutes les conditions sont réunies !
Nous avançons pendant 2h, parfois sous la pluie. Je n’en peux plus, je suis épuisée, mouillée, courbaturée. Je manque de pleurer de fatigue, mais je me retiens pour faire bonne figure. Malheureusement, nous ne croisons aucun animal.
Le petit déjeuner nous attend au campement. Pas très loin, les macaques n’apprécient visiblement pas notre compagnie ! Pourtant, quand nous levons le camp, ils se précipitent pour vérifier qu’aucune nourriture ne traine.
Tubbing
Le retour au village de Bukit Lawang doit se faire en tubbing. On vous explique. Imaginez quatre grandes chambres à air de tracteur, gonflées et accrochées les unes aux autres par de la corde, flottant sur l’eau. Posez-nous dessus, ainsi que nos quatre compagnons d’aventure, et nos sacs. Et nous voilà partis pour 30 minutes de rigolade sur l’eau ! Herman est à la proue, Bendi à la poupe. Ils utilisent chacun un bâton pour orienter l’embarcation. Nous chantons des airs connus, mais réinterprétés à la manière indonésienne. La plus populaire étant « Jungle trek in Bukit Lawang », sur l’air de « Jingle Bells ». Nous vous laissons regarder la vidéo pour vous marrer avec nous !
La rivière est encadrée par la jungle perchée sur des pentes abruptes et verdoyantes : le cadre est magnifique.
Conscient que nous aurions aimer observer plus d’orangs-outans, Chandra propose de raccourcir cette expédition. Au lieu d’aller jusqu’au village ainsi, nous nous arrêtons un peu avant, à l’ancienne entrée du parc Gunung Leuser, pour y faire un dernier tour.
Dernières rencontres
Nous sommes dans la jungle, mais il y a des sentiers. Le parcours est beaucoup plus facile que les jours précédents. En fait, nous empruntons les chemins du parcours qui se fait sur une seule journée… Et nous voyons énormément de singes… Mais aussi plus d’humains ! On ne peut pas tout avoir !
Après 15 minutes de marche, nous rencontrons une troupe de singes avec une crête sur la tête. Il s’agit de singes Thomas Leaf (Semnopithèque de Thomas) pas farouches du tout. Ces singes se nourrissent essentiellement de feuilles, et vivent uniquement à Sumatra je crois (et plus précisément au nord).
Puis, nous ne tardons pas à distinguer un orang-outan. Cette femelle vient s’amuser sous nos yeux ! C’est incroyable comme elle se déplace dans les arbres avec aisance et légèreté. Ses gestes sont lents. Elle joue avec son poids pour faire fléchir la branche sur laquelle elle se trouve, pour pouvoir attraper les branches d’un autre arbre. Tout cela avec son petit bien accroché à elle !
Nous continuons notre chemin et tombons sur une autre femelle avec son petit, et un jeune dont la maman doit être plus haut perché. Nous les contemplons un moment, sereinement. C’est attendrissant de voir comme le jeune prend soin du bébé lorsque celui-ci se détache de sa mère !
Plus loin, c’est un gros mâle qui se cache dans les feuilles. Par curiosité, il s’approche un peu de nous, puis reste statique sur une liane disposée comme une balançoire. Il mange, en nous regardant du coin de l’oeil. Les adultes mâles sont solitaires durant une grande partie de leur vie.
Il est maintenant temps de rejoindre le village, à pied. Nous croisons encore des macaques.
Herman et Bendi nous attendent au restaurant de la guesthouse. Nous buvons un verre avec toute l’équipe, et les remercions chaleureusement pour ces quelques jours passés ensemble.
Petit bonus : un iguane vient nous dire au revoir !
Avant de prendre la route pour Berastagi, nous prenons une vraie douche, nous nous changeons avec des vêtements propres et secs, et récupérons nos gros sacs.
♥♥♥ Quelle expérience unique de croiser ces grands singes. Même si vous n’êtes pas adeptes des primates, je pense que les orangs-outans ne laissent personne indifférent. Mention spéciale à Chandra, Monas, Bendi et Herman qui ont toujours été de bonne humeur, très serviables, et d’agréable compagnie. ♥♥♥
Infos pratiques :
- Vous trouverez Chandra sur Facebook, sous le profil Chandra Journey
Réflexions
Nous avons vécu ici une véritable aventure, comme nous les aimons. On ne va pas vous mentir : il y a eu des moments très compliqués et physiques. Mais Chandra et Monas nous ont vraiment beaucoup aidé (surtout moi, Virginie : je n’avais pas toujours à porter mon gros sac photo), et se sont adaptés à notre rythme.
Pouvoir observer les orangs-outans, c’était un rêve d’enfant, qui m’a accompagné jusqu’à mes 38 ans. Autant vous dire que mes attentes étaient élevées, et que j’idéalisais ce moment. Depuis toutes ces années, j’ai eu le temps de construire mon film de cette rencontre. Je m’imaginais en planque pendant des heures, avec des jumelles, à attendre que les singes viennent devant nous. Je m’imaginais pouvoir les étudier pendant des heures, profiter longuement d’un spectacle que la nature m’offrirait.
Avant de partir, j’avais précisé nos envies à l’agence : nous voulions voir des orangs-outans sauvages, pas des singes qui s’approcheraient de l’homme parce qu’ils sont habitués à lui. C’est pour cette raison que nous avons opté pour un trek de 3 jours : nous éloigner des sentiers battus et touristiques. Or, nous n’avons vu aucun Homme de la forêt lors du 2ème jour. Et oui, les vrais orangs-outans sauvages sentent l’humain arriver et le fuient. Ils restent très haut perchés dans les arbres, discrètement. Et oui, j’ai été déçue de faire tous ses efforts, pour « rien ». Alors, ce n’était pas pour rien me direz-vous : nous avons vu bien d’autres choses, et nous avons crapahuté dans une jungle authentique. Mais moi, j’étais venue pour autre chose. Pour réaliser un rêve de petite fille.
Du coup, l’opportunité que nous a offerte Chandra lors du dernier jour fut la bienvenue, même si ce n’est pas ce que nous voulions au départ. Dans la partie du parc proche du village, les orangs-outans sont semi-sauvages, et donc habitués à l’homme, ils ne disparaissent pas à leur approche. C’est là que nous en avons vus le plus. Donc heureusement que nous sommes passés par là.
Je suis divisée par rapport au moment partagé avec Jackie : d’un côté, ce fut une chance incroyable pour moi qu’un orang-outant me tienne la main, et de pouvoir la regarder d’aussi prêt, dans les yeux, la toucher. D’un autre côté, ce n’est pas un comportement naturel de la part de ce type d’animal, et j’ai contribué à sa dénaturalisation. C’est culpabilisant. Mais ! Cette femelle est proche de l’homme parce qu’il y a quelques années, elle a bénéficié de la passerelle de nourrissage. Si elle n’avait pas été nourrie, elle ne serait peut-être plus de ce monde aujourd’hui…
Une espèce en voie d’extinction
Je ne peux pas finir cet article sans faire un point rapide sur la menace qui pèse sur l’Homme de la forêt.
Chaque jour, plusieurs orangs-outans disparaissent et, dans peu de temps, ils se seront complètement éteints. La déforestation et les plantations de palmiers à huile détruisent leur habitat, c’est à dire les forêts tropicales indonésiennes. Sur place, nous le constatons par nous-mêmes lors des trajets en voiture. L’étendue de ces plantations est immense. L’huile de palme est ensuite utilisée par des multinationales pour fabriquer les produits que nous consommons au quotidien. A la maison, on essaie de limiter l’huile de palme. La mention « sans huile de palme » apparait de plus en plus sur les produits.
Malheureusement, le braconnage est aussi en cause.
Espérons que les mentalités évoluent rapidement afin de permettre à cet animal majestueux de survivre.
Et le voyage continue…
Direction la ville de Berastagi et le volcan Sibayak.
BUKIT LAWANG ET LE PARC NATIONAL GUNUNG LEUSER EN VIDÉO
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